Stryjenski, Jacek

Peintre, décorateur et mosaïste polonais (1922-1961)

« L’artiste, en lui, était doublé d’un artisan prodigieusement habile dont la dextérité n’avait de cesse qu’elle ait maîtisé la matière et dominé la technique choisie… justifiant en véritable artiste le mot d’Igor Strawinsky :’Qui m’ôte une contrainte m’ôte une force…’ »*

Edouard Muller-Moor

 

C’est en étudiant l’art graphique à l’Ecole des Beaux-Arts de Varsovie en 1937-39, puis la peinture à la Kunstgewerbeschule de Zurich en 1942, enfin les Beaux-Arts à Genève et dans l’atelier de son grand-oncle, le peintre genevois Alexandre Cingria, en 1943, que Jacek Stryjenski se forge une réputation d’artiste multidisciplinaire.

 

De retour de la campagne d’Italie en 1946, il s’établit définitivement à Genève et enchaîne les projets : mosaïques (St-François de Sales, Chêne-Bourg ; entrées d’immeubles avenue Ernest-Hentsch 2, 4, 6, 8), peintures murales pour entrées d’immeubles (route de Frontenex 59, 61, 63, 65 ; route de Malagnou 48), affiches (Fêtes de Genève), vitraux (Ste-Thérèse, Champel), linogravures, décoration en marqueterie de marbre, décors et costumes (Théâtre de la Cour Saint-Pierre, Nouvelle-Comédie, Opéra de chambre de Suisse romande), etc..

 

Dès 1949, il débute une collaboration suivie avec Marcelle Moynier, livrant décors, costumes et parfois têtes sculptées pour Le Chat Botté (1950), Pierre et le loup (1951), La Belle endormie (1952), Brutus n’aime pas la musique et Les musiciens de la ville (1953), Le Calife Cigogne (1960).

 

En 1959, pour donner au Théâtre de la Cour Saint-Pierre des représentations du Retable de Maître Pierre de Manuel de Falla, il crée un grand retable-castelet « mobile et rutilant, tout fleuri de cierges allumés dans lequel il faisait jouer ses poupées d’un style archaïque façonnées avec art dans des plaques de métal. »*

 

Alto gagne en 1960 le 1er prix du concours international pour la décoration de la salle du Grand Théâtre de Genève. Jacek Stryjenski se partage alors, dans son vaste atelier des Tuileries, « entre le découpage des lourdes plaques de marbre de sa décoration murale de la Caserne de Genève, et l’exécution en métal de la maquette monumentale (1/5e) du rideau et du plafond du Grand Théâtre, image de la galaxie tourbillonnante dans laquelle, l’année suivante, il s’est si prématurément envolé. »*

 


*1 Cité par Stéphane Dubois-dit-Bonclaude dans Un ciel de feu, Jacek Stryjenski, Editions de l’Encelade, Genève, p. 13.
*2 Eric Poncy, Mémoires, p. 38.
*3 Thierry Vernet, Marcelle Moynier et les Marionnettes de Genève, 1983, p. 83.